Le Cheminement

Historique

Sources : Archives de la CAPI

La construction du lycée polyvalent de L’Isle d’Abeau (1976-1981), actuel lycée des métiers de l’audiovisuel et du design – Léonard de Vinci, s’inscrit dans l’opération d’aménagement urbain de la ville nouvelle de L’Isle d’Abeau. Sa vocation de lycée expérimental est clairement affirmée dès l’origine du projet.

Le chantier couvre les années 1976 (fondations) à 1980 (compléments de construction : cuisine, internat, et second œuvre).

La décision d’ouverture est signée par le recteur de l’académie de l’Isère le 6 septembre 1984 avec effet rétroactif à compter de la rentrée 1982.

Le lycée comporte un décor rupestre composé de plusieurs éléments sculptés, moulés et coulés, intégrés au site et à l’architecture, réalisé par le peintre et sculpteur Gérard Singer : CHEMINEMENT DE L’ISLE-D’ABEAU (1976-1981), dont le financement fut assuré par le ministère de l’Éducation nationale au titre du 1%, l’EPIDA et la DDE

Pour bien comprendre cette œuvre, il convient de rappeler que, comme tous les autres établissements scolaires construits aux débuts de la ville nouvelle, le lycée n’avait aucune clôture et qu’il était traversé par un chemin piéton allant du quartier de Servenoble jusqu’au centre-ville via la passerelle.

Voici ce que dit Gérard Singer à propos de cette œuvre :

Sources : Archives de la CAPI

« Ce parcours sculpté de 110 m de long a dès l’origine été présenté comme un problème d’urbanisme, prétendant traiter la relation piétonne entre un quartier résidentiel et le centre-ville de Saint Bonnet.

Le point fort en est la pile du pont qui franchit la voie routière et doit faire office d’aire de repos et de moyen de communication par escalier incorporé entre un parking et le lycée.

La volée du pont est traitée en forme de grotte et débouche sur un muret protecteur des vents dominants dont les strates se poursuivent en gradins formant banquettes pour s’enfoncer par un passage travaillé sous le bâtiment du lycée, dont les piliers de soutènement sont ouvragés pour suggérer des formes organiques.L’scalier de sortie est lui aussi pris encompte par la scupture jusqu’à son débouché. 

J’ai choisi de jouer sur la contradiction entre mon style habituel et l’architecture industrialisée, et ai décidé non seulement de traiter l’accès immédiat du lycée, mais aussi d’investir le pont d’accès, en transformant cet ouvrage d’art en œuvre d’art.

Cette prise en compte de la valeur d’usage me paraît essentielle. Elle me paraît une sorte de contrebande qui permet à l’art de s’établir sans dire son nom.

Elle permet aux gens de réagir en fonction de leur participation physique, avec leurs réactions sensorielles qui permettent d’échapper aux discours, aux réminiscences et aux conditionnements culturels. »

Cheminement, Dessin, 1982

L’œuvre est réalisée en béton coloré dans la masse (couleur terre de Sienne). Pour simplifier, le procédé utilisé consiste à réaliser des coffrages en polystyrène travaillé au chalumeau, à les empiler, puis à couler le béton.

Cheminement, l’escalier, 1981

L’ARTISTE : GÉRARD SINGER

Né le 25 janvier 1929 à Paris, il ne travaillait plus depuis un accident vasculaire survenu en 1991. De 1943 à 1953, il fut d’abord peintre, dans la veine du réalisme socialiste. Avec quelque succès : son tableau Le V2 à la mer, autrement nommé Le 14 juillet à Nice, représentant des dockers, mais aussi une foule de femmes et d’enfants, balançant à l’eau un missile destiné – dit-on – à la Yougoslavie de Tito, fut décroché du Salon d’Automne de 1951 lors de la visite présidentielle inaugurale. Il fut ensuite l’objet d’une souscription de l’Union de la jeunesse républicaine de France, qui voulait l’offrir au premier secrétaire du Parti communiste, Maurice Thorez, pour son anniversaire.

Vers 1953, il délaissa la peinture au profit de la sculpture. Très vite intéressé par les techniques nouvelles, et en particulier l’utilisation des polystyrènes et des résines époxy, il commença à réaliser, souvent avec la complicité d’architectes comme Andrault et Parat, des oeuvres monumentales dont l’exemple aujourd’hui le plus connu est sans doute le Canyoneaustrate, réalisé en 1986 au pied du Palais omnisports de Bercy, une sculpture en creux qui évoque un ravin rocheux où ruisselle la cascade d’un bassin.

Lauréat de la biennale de Paris en 1961, il travailla, par brûlage au chalumeau de plaques de polystyrène, à diverses sculptures, souvent monumentales et pénétrables, qui furent présentées à partir de 1963 à la galerie Jeanne-Bucher et éveillèrent l’intérêt de Jean Dubuffet.

Ses recherches sur les matériaux contemporains lui valurent, en 1970, le Prix Europlastique au Salon Plastiques et Art contemporain, mais aussi, en 1982, une bourse de recherche et de création à l’étranger, qui lui permit de se rendre aux États-Unis, où il fut un des premiers artistes à utiliser les ordinateurs pour développer ses courbes graphiques et les appliquer à l’espace urbain.

Il exposa le résultat de ses recherches à la Graham Foundation de Chicago en 1985 et sa sculpture Permutant fut ensuite installée au Harper College, dans l’Illinois.

Puis il revint à Paris, où il fut un des pionniers de l’enseignement de l’informatique appliquée aux arts, à l’École nationale supérieure des beaux-arts.

Il décéda à Paris le 26 janvier 2007.

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« La Maboule » 1973, collection de IAC, Villeurbanne, en dépôt à Riorges, parc Beaulieu.