Des œuvres d’arts dans la ville, la spécificité du 1% culturel

Les Nénuphars de Gérard Barbezier

Les Nénuphars de Gérard Barbezier

Lors de la création de Ville Nouvelle, plusieurs ambitions se sont concrétisé afin de soutenir le concept de ville à la campagne. Mais pas que … car il a existé une véritable volonté d’intégrer l’art dans la ville. L’État encourage en effet l’idée d’introduire l’art dans l’espace public afin d’en donner l’accès à tous le monde. Il met ainsi en place dès 1951 le « 1 % artistique », dit « 1 % culturel », tout d’abord dans le cadre des établissements scolaires. Cette mesure est étendue à tous les ministères au cours des années 70 et 80. Depuis, plus de 10 000 œuvres ont été ainsi réalisées.

Les villes nouvelles ont constitué depuis le début des années 70 de vastes terrains d’expérimentation pour les artistes dont les créations intégraient, sans doute pour la première fois à cette échelle, les logiques urbaines. Source d’inspiration et de contrainte, la ville devenait un laboratoire pour ces recherches formelles. Ce champ à la fois vaste et étroit, en mettant les œuvres en tension avec le tissu urbain, a incontestablement produit un renouveau de la sculpture et, au-delà, des arts plastiques.

Élément de Le cheminement de Gérard Singer
Sources : Archives de la CAPI

Les équipements publics, que l’EPIDA réalise comme mandataire des collectivités, sont le support premier de réalisation de ces œuvres, grâce au financement réservé du « 1% culturel ». Une vingtaine d’œuvres, pour la plupart des sculptures, accompagnent ainsi quinze groupes scolaires, trois collèges et deux lycées. Claude Abeille conçoit en 1978 le « Théâtre en plein air et fontaines » sur la place des Roches. Gérard Singer réalise la passerelle du lycée Léonard de Vinci.

L’EPIDA installe de sa propre initiative des œuvres monumentales dans des lieux symboliques de la ville. Nous allons en voir certaines ; d’autres n’existent plus à l’heure actuelle.

D’autres projets seront étudiés mais n’iront pas jusqu’à la réalisation : Aldo Rossi, l’architecte italien, propose une série d’œuvres monumentales pour baliser les entrées sur le territoire aux échangeurs autoroutiers ; Matt Mullican étudie, avec les enseignants du BTS design du lycée Léonard de Vinci, un balisage de l’avenue qui conduit au lycée à Villefontaine.

Seul le Totem d’Alain Joriot, installé par la DDE de l’Isère sur la RN6 dans le parc d’activités de Chesnes, passera l’épreuve du temps. L’EPANI lui donnera des « petits frères » en faisant réintervenir l’artiste en 2009 pour dupliquer l’œuvre, en plus petit format, sur cinq autres carrefours de la zone.

Qu’elles plaisent ou non, ces œuvres ouvrent l’imaginaire, deviennent des repères dans l’espace, ou tout simplement des lieux de rendez-vous. « Peut-être avons-nous été trop ambitieux… ou pas assez pédagogues », s’interroge Bernard Millérioux, urbaniste de l’EPIDA qui évoque les polémiques qu’a toujours suscitées dans les villes l’installation d’œuvres d’art contemporain.