La mise en terre des morts est une caractéristique des Hommes. Depuis la Préhistoire, les morts sont enterrés dans des tumulus (tombe recouverte de terre créant une sorte de petite colline), des nécropoles (groupement de sépultures) ou encore des pyramides.
Le cimetière, espace sacré depuis l’Antiquité, essaye d’être un lieu sans activité, malgré de régulières infractions (jeux, échoppes, séchage de linge, foires …). Il a une forte connotation religieuse puisque chaque confession a son propre cimetière.
Entre la nécessité de salubrité publique et la recherche de protection des saints après la mort, les cimetières ont changé de place : au bord des axes de communication à l’époque gallo-romaine, à proximité de l’église et de plus en plus à l’extérieur de la ville.
A Villefontaine, pendant très longtemps le cimetière était autour de l’église. Il faut imaginé une population variant entre 300 et 500 habitants depuis la Révolution française jusqu’à la construction de la Ville nouvelle, et donc un cimetière de relativement petite taille. On pense que le cimetière dans lequel nous nous situons a été créé au moment de l’agrandissement de l’église paroissiale en 1845.
Le « nouveau » cimetière est installé grâce au don du terrain par la famille du Pina, ancien propriétaire du château du Vellein.
En 1869, le conseil municipal demande l’aménagement du cimetière. On apprend à cette occasion qu’à Villefontaine, il y a 459 habitants et que la moyenne des décès par an est de 12 individus. Le cimetière fait alors un peu plus de 800m². Les monuments sont soumis à autorisation du maire, par des plans et détails fournis. Le cimetière est alors organisé par types de concessions : perpétuelles, trentenaires ou temporaires. Le prix est défini selon le type de concession, par mètre carré. Ce montant est versé pour la commune au deux tiers et pour le tiers restant au bureau de bienfaisance. Ce montant est alors défini selon le type de concession, par mètre carré : 50 fr. pour les concessions perpétuelles, 25 fr. pour les trentenaires et 15 pour les temporaires. Pour se rendre compte de la valeur, le prix du pain à l’époque était de 43 centimes le kilo et 1 franc 50 les 12 œufs.
En 1878, le cimetière devient trop petit. Le conseil municipal souhaite acquérir une parcelle d’environ 900 m², désignée sur le cadastre « Mas du Vellein », au nord du cimetière qui appartient à Madame de Thorigny (propriétaire du château du Vellein). Quelques mois après, il semblerait que plusieurs échanges aient eu lieu (le conseil municipal indique avoir écrit 5 ou 6 lettres à l’intéressée ou à ses fils) et avoir rendu 3 ou 4 visites, sans succès. Monsieur le sous-préfet a également été saisi, sans que cela n’ait pu aboutir sur une vente. Le conseil municipal prend alors la décision d’exproprier la propriétaire pour utilité publique. Madame de Thorigny conteste le besoin d’agrandissement du cimetière. Le conseil municipal fait part des nombreuses demandes des Villards depuis longtemps en ce sens, malgré le coût que l’agrandissement suppose pour l’ensemble des contribuables. Un procès a lieu en 1880 et 1881, qui finit par se règler à l’amiable avec la vente du terrain. Les travaux de nivellement et d’aménagement ont lieu entre 1881 et 1883.
Au fil des délibérations, on suit l’entretien du cimetière, la plantation d’arbres, les réparations sur le mur sud …
En 1918, Mademoiselle de Thorigny propose gratuitement à la commune le terrain qu’elle possède à l’ouest du cimetière, en bordure du chemin de grande communication n°136, pour créer une nouvelle entrée du cimetière. Il s’avère qu’alors l’entrée se situe en face, sur un chemin déclassé et avec une largeur insuffisante.
En 1936, l’établissement d’un plan du cimetière est voté afin de faciliter le travail de vente des concessions et d’améliorer l’aspect du cimetière.
Lucien Cotonnet, secrétaire de mairie et instituteur à Villefontaine, nous parle dans son Passé antérieur, ses chroniques publiées dans le Dauphiné Libéré, des « funérailles d’antan ». Il raconte que « sauf pour la famille et les proches du défunt, la cérémonie des funérailles avait toujours une fin clochemerlesque chez notre ami François le bien connu cabaretier sur la place. ». Il explique que « c’étaient bien souvent les sapeurs pompiers qui se chargaient du transport à l’église et au cimetière » du défunt. La famille du défunt leur donnait « une somme parfois rondelette » pour ce service rendu, puis ils allaient au café ou au jeu de boules et rentraient tard chez eux quelques peu émechés (« les gars dont l’applomb vacillait au gré des buissons ». Plus tard, il raconte que c’est André qui venait de La Verpillière avec son corbillard. Lucien Cotonnet le décrit comme « petit rablé, la face rubiconde et joviale », qui, visiblement, « ne craignait pas notre gros rouge de pays ». Il raconte aussi l’accident du corbillard à la descente du Baron, dans lequel le cheval et André n’eurent aucun problème, mais le corbillard, dans le fossé, fit une grande peur au « brave Maurice », qui se rendant à la fonderie où il travaillait de nuit. Lucien Cotonnet explique aussi que « Le Sou des écoles récoltait une mâne généreuse car après les assauts des chants, on faisait circulerdans l’assemblée le tronc de la société qui était dans chaque café ! »
La particularité de Villefontaine, d’avoir fait parti d’une ville nouvelle, se voit dans la partie haute de ce cimetière. Il est le reflet de la démographie de la commune : dans les années 1980 et 1990 ce sont beaucoup d’enfants, de jeunes ou de jeunes adultes qui sont enterrés. Afin de faire face à cette nouvelle démographie de la commune, un nouveau cimetière, à proximité de la route départementale D36, a été inauguré en 2014.
Il semblerait que les tombes les plus anciennes soient celles de Dominique Berland (mort en 1859) et de Victor Guillaud (mort en 1879), enterrés sous la croix. Après ces deux tombes, c’est celle de Philibert Bourguignon, mort en 1865.
Ici, nous trouvons tous les villageois de Villefontaine, les maires, les curés, les épiciers, le boulanger, le cafetier …
Parmi les tombes intéressantes de ce cimetière, on peut noter :
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les tombes des anciens maires : Sadi Desquesnes, maire de 1971 à 1976, Pierre Terrieux (de 1959 à 1971), Henri Bonnet (de 1944 à 1959, et qui donna son nom à la maison paroissiale), Antonin Durand ( 1935 à 1944), Jean Bonnardel (de 1933 à 1935), François Magnard ( de 1930 à 1933), Laurent Vielle (de 1925 à 1929), Gaston Basso (de 1919 à 1925), Jean Crassard(Jh) (1900 à 1904), Etienne Sibelle (de 1888 à 1896), Eugène Parent ( de 1885 à 1888), Louis Curty (maire de 1871 à 1876 puis de 1878 à sa mort en 1885), Pierre Sibelle (de 1860 à 1870)
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la croix (datée de 1869) sous laquelle sont enterrés les curés de Villefontaine à l’exception de l’abbé Alphonse Métiffiot qui est enterré avec sa famille,
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les tombes des « Morts pour la France » pendant la 1ère guerre mondiale.
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