Il n’y a plus de maison Tavernier
Un incendie a détruit la maison Tavernier dans la nuit du 8 au 9 avril 2020, les dégâts étaient considérables.
Le reste à finalement été démoli début 2021, y compris le petit bâtiment qui lui faisant face, déjà bien abimé.
Avant c’était…
De la route de Vienne, entre la Croix-Châtain et carrefour du boulevard de Villefontaine, par une petite impasse qui conduit au “chalet’ Tavernier où se trouve une grande maison et ses dépendances.
Attention : ces bâtiments sont en très mauvais état, l’accès y est interdit et particulièrement dangereux.
Cette propriété fut construite par l’ingénieur Henri Tavernier en 1913.
Henri Tavernier est né à Lyon en le 5 janvier 1850, fils de Françoise Léonie Multier et de Horace Tavernier.
Ce dernier est docteur en médecine légale à Lyon vers 1830. Aux balbutiements de cette science, il est de ceux qui embauchèrent Alexandre Lacassagne le fondateur de l’anthropologie criminelle et de la première école française de criminologie à Lyon.
Henri Tavernier est diplômé de l’école polytechnique à 20 ans en 1870 et ingénieur des ponts et chaussées à 22 ans .
Sa carrière d’ingénieur des ponts et chaussée est marquée par la construction de ponts dont la reconstruction des ponts Morand et Lafayette sur le Rhône à Lyon. Il en publiera ses travaux dans les annales des ponts et chaussées en 1883
Ses nombreuses observations sur la dynamique des ponts l’amènent à constater leur trop grande rigidité, il remarque que les joints entre les pierres fait de mortier se dégradent rapidement face aux grandes sollicitations dont sont sujet ces constructions.
Après des études et des essais sur la dilatation des métaux, il décide d’insérer du métal pour relier les pierres à la place des joints pour donner de la souplesse aux édifices, il dépose ainsi plusieurs brevets sur les joints métallique coulés.
Passionné par les technologies de l’électricité alors naissantes, Il est nommé délégué pour la France au congrès d’ingénieurs à l’occasion de l’exposition universelle de Chicago en 1893.
Il avait été chargé par le directeur des Chemins de fer français d’étudier les installations de tramways dans les principales villes des États-Unis et il obtint une médaille d’or de 300F le 29 Mars 1898 pour l’étude qu’il en réalisa (APC 1896).
C’est un homme actif et engagé.
Il devient Membre de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 1896,
Président de la société de géographie de Lyon
Président de la société de secours aux blessés militaires de Lyon.
Parallèlement est certainement par passions personnelles, il agrandit le domaine de Vaugelas en rachetant la prairie à Saint Bonnet le 2 juin 1898 (l’Écho de Vienne du 1898/02/06) et participe activement vers 1903 à la construction de la centrale hydro-électrique du moulin du pont à Villefontaine avec le Colonel Raymond et l’ingénieur électricien Courbier un autre polytechnicien.
A cette époque Henri Tavernier habite encore le château de Vaugelas.
Il marie sa fille en l’église de Roche en 1905 il a alors 55 ans
Le Figaro du 03 septembre 1905.
« Ces jours derniers, M. l’abbé Delanche, curé d’Aissay, a béni, en l’église de Roche (Isère), le mariage du vicomte de Galbert, ….., avec Mlle Albertine Tavernier, fille de M. et de Mme Henri Tavernier.
Sa Seigneurie le pape Pie X avait daigné envoyer sa bénédiction aux jeunes mariés. …. Tout le pays était en fête et les nombreux parents et amis des deux familles ont été réunis par un brillant lunch donné au château de Vaugelas … »
A cette époque Henri Tavernier habite encore le château de Vaugelas.
En 1913 Henri Tavernier fait construire ce “chalet” qui fut habité par son fils Horace, mort en 1923 à l’âge de 43 ans.
Sans style vraiment marqué, cette maison est construite selon les critères de l’époque, un grand hall d’entrée dans lequel trônait un escalier monumental en bois. Au rez de chaussée une distribution repartie sur le pourtour du hall avec buanderie, cuisine, salle à manger, salon et bureau. A l’étage, un ensemble de chambres.
Vers 1900 la France est dans un courant venu d’Angleterre, qui met l’hygiène au centre des préoccupations de la bourgeoisie et les architectes de l’époque emboitent le pas.
Les éléments architecturaux sont orientés vers de larges ouvertures traversantes pour permettre une ventilation forcée et faire pénétrer le soleil.
Ces deux éléments, air et soleil ainsi que la découverte des bienfaits de la baignade sont au cœur de la création des villes d’eaux et des bains de mer. Ils deviennent des éléments médicaux pour le traitement de la tuberculose dans les sanatoriums de l’époque
Pour le reste et comme le montre mieux la photo de la villa Bellevue à Servenoble, on trouve des maison qui gagnent de la hauteur, des toits pentus à larges débordements, des terrasses pour le solarium, des pergolas, des lucarnes à pignon avec fermettes débordantes, quelquefois des toitures à 4 versants, des gardes corps de type balustres en bois ou parfois en béton imitation bois, un nouveau matériau inventé à cette époque par Mr Louis Vicat lui aussi polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées de la promotion 1809.
Ces maisons sont embellies par la mise en place d’éléments décoratifs directement assimilés à l’architectures, encadrements et appuis de fenêtres, fermette débordantes stylisées ainsi que des ornements distinctifs comme ici une frise périphérique et une étoile en céramique sur la façade est, ou bien de grandes cheminées à hautes souches.
Souvent le propriétaire fait implanter ses initiales sur un des ces éléments décoratifs comme on le voit ici avec la lettre T de Tavernier.
Henri Tavernier prend sa retraite le 1er Septembre 1911 et décède en juin 1935.
Le bâtiment fut vendu à l’état aménageur de la ville nouvelle en 1973.
Depuis, il n’a été occupé que 3 ou 4 ans par l’entreprise Monsanto.
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Biographie
TAVERNIER (Jacques, Henri). Né à Lyon le 05 Janvier 1850
- Polytechnique le 01 Novembre 1870
- École des Ponts et Chaussées le 01 Novembre 1872
- En mission dans la Saône-et-Loire le 01 Juin 1873, dans les Hautes Pyrénées le 01 Juin 1874
- Hors concours le 01 Juin 1875
- Placé à Romorantin le 01 Juillet 1875
- Ingénieur de 3e classe le 01 Septembre 1875
- Passé à Dijon le 01 Février 1878
- Ingénieur de 2e classe le 01 Décembre 1879
- Passé à Lyon le 16 Juin 1880
- Ingénieur de 1e classe le 16 Juillet 1883
- Chargé aussi des lignes de la région le 01 Décembre 1883
- Passé à Chalon-sur-Saône le 16 Mai 1890
- Résidence transférée de Chalon à Lyon le 16 Février 1891
- Ingénieur en Chef de 2e classe le 1 Avril 1891
- Chargé de la reconstruction des ponts Morand et Lafayette à Lyon
- Médaille d’or de 600F. pour son article à ce sujet (Annales des Ponts et Chaussées de 1893) le 11 Juin 1895.
- Médaille d’or de 300F. pour son étude sur les tramways aux États Unis (APC 1896) le 29 Mars 1898
- Officier d’académie le 8 Juin 1900
- Médaille d’or de 300F. pour son étude “Sur les maçonneries avec joints Métalliques coulés”
(APC, 1899) le 27 Novembre 1900 - Ingénieur en Chef de 1e classe le 01 Mai 1901
- Traitement porté à 12000F. le 01 Juillet 1908
- Inspecteur général de 2e classe le 31 Août 1911
- Retraité le 01 Septembre 1911
- Chevalier de la Légion d’honneur le 29 Décembre 1888
- Officier de la Légion d’honneur le 01 Juillet 1908