Ce lavoir situé rue de la Guignette a une particularité intéressante : il ressemble plus à un bassin qu’à un lavoir. C’est ainsi qu’il a été enterré. On imagine mal les femmes étendues sur le sol pour laver leur linge. Il a donc dû être modifié après la fin de son utilisation comme lavoir.
Une rencontre avec un habitant du Ginet a permis d’établir que le lavoir est là depuis au moins le début du XXe siècle. Il serait alimenté par une canalisation qui vient de la source au lieu-dit le Loup et passe à la source artésienne (qui n’en serait pas une).
Dans le registre de délibérations du conseil municipal, on apprend en 1938 qu’un mémoire a été fait par Monsieur Joseph Amanguin (?) en 1935-1936 au sujet du puits de la Guignette. Y aurait-il un lien avec le lavoir que nous avons sous les yeux ? En 1946, le « lavoir public de la Guignette en face de la ferme de M. Orgeolet » est déclaré atelier public pour la distillation de marcs et autres spiritueux.
La fin des lavoirs se situe au moment de la démocratisation des machines à laver. Cela se situe vers la milieu du XXe siècle, voire les trentes glorieuses et l’essor de la société de consommation.
Auparavant, les femmes lavaient le linge dans les lavoirs. Lucien Cotonnet, instituteur et secrétaire de mairie raconte dans « Au passé antérieur » cette époque. Il s’amuse allègrement de cette époque et indique « il y a 50 ans, on n’évaluait pas la richesse d’un propriétaire terrien au nombre de têtes de bétail possédées ou à la surface cultivée, non ! C’était à la grandeur de leur étendage de linge ! ».
Lucien Cotonnet cite trois lavandières qu’il appellerait presque professionnelles : la Louise, la Françoise et la Léonie.
Il explique le processus du lavage de linge. Le linge est mis à tremper la veille dans une brouette. On faisait bouillir le linge dans une grande lessiveuse de 80 litres, le linge blanc d’une part et le linge couleur d’une autre part. « Sur un trépied métallique chauffé par des fagots qu’on avançait au fur et à mesure, le linge bouillait. Nanties souvent d’une solide brosse à chiendent qu’elles dissimulaient dans leur tablier (car les clientes ne tenaient guère à voir leur trousseau autrement qu’à la main) les lavandières frottaient et refrottaient, sur une planche à laver dans une grande benne en bois, les pièces de linge avec un énorme savon de Marseille d’un kilo, qu’on avait depuis longtemps avec d’autres mis à sécher sur le buffet de la cuisine. A midi, elles mangeaient à la table familiale et le « tantôt » , en plusieurs voyages, elles emmenaient sur leur brouette le linge, à rincer au lavoir communal. »
Ce lavoir communal n’est pas celui de cette petite rue de la Guignette, mais se situe plus près du village.